Définir les sciences participatives
Les recherches participatives regroupent une grande diversité de disciplines, de sujets, d'acteurs, de méthodes et de finalités. Cette diversité est caractéristique des sciences participatives ; elle est aussi une composante intrinsèque de leur intérêt. Cette variété implique qu'il est quasiment impossible de proposer une définition unique et consensuelle. Nous vous proposons de reprendre la définition proposée par François Houllier et Jean-Baptiste Merilhou-Goudard dans leur rapport sur les sciences participatives.
Définition
Les sciences participatives sont définies comme les formes de production de connaissances scientifiques auxquelles des acteurs non-scientifiques-professionnels, qu'il s'agisse d'individus ou de groupes, participent de façon active et délibérée (Houllier, Merilhou-Goudard 2016).
D'après ces deux auteurs, les connaissances scientifiques doivent être comprises comme des connaissances validées par les pairs selon des normes de preuve (réfutabilité, reproductibilité, etc.).
La participation y est, quant à elle, définie comme la capacité des citoyens à être concernés par un problème et à se mobiliser pour mieux connaître des phénomènes qui les concernent, ou pour agir sur leurs environnements.
Cette définition très large regroupe donc une multitude d'activités avec des appellations plus ou moins variées. Afin d'éclairer ces différences, Muki Haklay (2015) propose de distinguer quatre niveaux de participation dans les sciences citoyennes :
Niveau de participation | Terme associé | Rôle des citoyens |
---|---|---|
Niveau 1 | Crowdsourcing | Les citoyens contribuent comme capteurs de données (sensors). |
Niveau 2 | Intelligence distribuée | Les citoyens contribuent à l'interprétation de données. |
Niveau 3 | Science participative | Les citoyens contribuent à la définition du problème et à la collecte de données. |
Niveau 4 | Collaboration complète | La recherche est collaborative dans les différentes phases (définition des problèmes, collecte de données, analyse). |
LES SCIENCES PARTICIPATIVES VUES PAR LE MUSÉUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE
Au Muséum national d'Histoire naturelle, le Centre d'Écologie et de Sciences de la COnservation (CESCO) regroupe une quinzaine de programmes de sciences participatives sous le label Vigie-Nature. Ces programmes sont nés du développement de soixante ans de collaboration entre chercheurs et citoyens au Muséum. Les bases de cette collaboration ont pour origine l'animation du réseau national des correspondants scientifiques du Muséum, pour la plupart des amateurs ornithologues. Le Muséum a fait évoluer les pratiques de ce réseau vers la mise en place de protocoles standardisés pour améliorer le traitement des données, en lançant le STOC Suivi Temporel des Oiseaux Communs en 1989.
Les programmes de sciences participatives de Vigie-Nature proposent des protocoles scientifiques qui impliquent différents réseaux d'observateurs volontaires afin de suivre les espèces communes du territoire sur du long terme. Ces espèces communes s'opposent aux « espèces patrimoniales », qui sont des espèces rares, présentes dans des zones géographiques restreintes. Les données récoltées sont standardisées, c'est-à-dire qu'elles peuvent être comparées entre elles puisqu'elles sont récoltées en suivant un protocole commun. In fine elles permettent aux chercheurs d'élaborer des outils pour mieux connaître la biodiversité ordinaire.
Complément : Ressources complémentaires
Pour approfondir vous pouvez consulter ces deux ressources :
L'intégral du rapport de Gilles Boeuf sur "L'apport des sciences participatives dans la connaissance de la biodiversité [PDF]" ;
Le livret de l'Ifrée sur "Les sciences participatives et Biodiversité [PDF]" ;
Le rapport "Les sciences participatives en France : État des lieux, bonnes pratiques & recommandations [PDF]" (Houllier, Merilhou-Goudard 2016)".