Les sciences participatives, un concept récent ?
AU XVIÈME SIÈCLE
La pratique des sciences n'est pas restreinte à des professionnels. Déjà au XVIème siècle en Europe, lors de l'acquisition de nouveaux territoires, les nombreux corps de métiers présents ont participé à l'exploration de la biodiversité sur place. Des médecins, missionnaires, militaires et bien d'autres, qui n'étaient rattachés à aucune institution scientifique officielle, s'adonnaient aux sciences naturalistes. Ces naturalistes « avertis » n'avaient pas à pâlir de leurs compétences et disposaient de très solides connaissances générales. Leurs nombreuses correspondances font transparaître l'existence de réseaux d'échange.
AU XIXÈME SIÈCLE
Au XIXème siècle, les sciences naturalistes sont restées ouvertes à des non-professionnels. Alors que la pratique des sciences se professionnalise en entrant dans les laboratoires et les institutions, la pratique de terrain est toujours possible par des amateurs car elle n'impose pas l'utilisation de matériel d'expérimentation coûteux.
À partir de la seconde moitié du XIXème siècle en France ces réseaux s'organisent en « sociétés savantes », plus ou moins spécialisées dans un domaine, qui réalisent des publications locales sur les travaux d'inventaires qu'elles effectuent. Ces réseaux ont permis de faire avancer la connaissance dans des régions qui n'avaient pas encore d'universités et sur des groupes d'espèces qui sont aujourd'hui délaissés par la recherche académique ! Les études réalisées sont en quelque sorte les ancêtres des programmes de sciences participatives actuels.
AU XXÈME SIÈCLE
Malgré un effort de travail conséquent, impliquant de nombreux naturalistes compétents, beaucoup de données récoltées ont disparu ! Une grande partie des observations ont été réalisées avec une méthodologie propre à l'observateur et consignées à la main. Ainsi, les différentes pratiques d'observation n'avaient pas de protocole commun et réplicable. À la fin du XXème siècle, ces réseaux se sont essoufflés avec la perte d'intérêt pour les sciences de l'observation, jugées dans le monde académique comme peu novatrices et trop descriptives, comparées à l'approche expérimentale des sciences de laboratoire.
Ce sont alors les associations de défense de la nature qui ont permis un regain d'intérêt et le renouvellement de réseaux naturalistes actifs. Les techniques d'observation ont peu changé mais le mode de partage des données s'est enrichi de l'utilisation d'Internet et de ses possibilités de diffusion massive. Pour assurer l'exploitation des données récoltées, une rigueur méthodologique dans le respect des protocoles et dans le traitement des données est nécessaire à tout projet !
En parallèle, l'idée de la participation de « tout citoyen », même le plus novice en sciences naturalistes a été insufflé par le monde anglo-saxon dès le début du XXème siècle. Bien que l'engouement ne soit pas comparable aujourd'hui à celui qu'on observe en Grande-Bretagne ou aux États-Unis par exemple, les sciences participatives grand public trouvent leur place dans le contexte français.