Évaluer l'état de santé de la biodiversité avec les données Vigie-Nature
Pour évaluer l'état de santé de la biodiversité, plusieurs approches sont envisageables. Vigie-Nature École propose des protocoles permettant de suivre des espèces et des populations. On s'intéresse, en première approche, à l'abondance et à la diversité. Ce sont les deux grandeurs de base dont on a pu démontrer qu'elles entretiennent un lien étroit avec le bon fonctionnement des processus du vivant (recyclage de la matière organique, utilisation des ressources...) et avec un bon état des populations (diversité génétique, survie, et succès de la reproduction).
L'abondance
On appelle abondance le nombre total d'individus observés lors de la mise en œuvre du protocole. Dans le cas de nos protocoles, on dispose de l'abondance par espèce (ou par groupe) et de l'abondance globale, à savoir du nombre total d'individus quelle que soit l'espèce.
Sur le schéma ci-dessous, 8 grands oiseaux, 8 moyens et 12 petits oiseaux pour une abondance globale de 12 + 8 + 8 = 28 oiseaux.
La diversité
La diversité spécifique correspond au nombre d'espèces distinctes observées.
Dans le cadre de nos protocoles, certaines espèces proches morphologiquement ont été regroupées (par exemple, les vers de terre ont été répartis en 4 groupes alors qu'il existe une centaine d'espèces en France métropolitaine. La détermination de chaque espèce repose sur un examen fin, peu réalisable lors d'un échantillonnage sans capture). On parle alors de groupes d'espèces.
Quand des groupes d'espèces ont été constitués, la diversité prend alors en compte le nombre d'espèces et le nombre de groupes d'espèces. Bien sûr, la valeur relevée est alors inférieure à la diversité spécifique réelle. Néanmoins, comme le protocole est le même partout, les données restent comparables entre elles entre sites et entre relevés.
Dans le schéma ci-dessous, la diversité est de 6 : ‘petits bleus' + ‘petits rouges' + ‘moyens orange' + ‘moyens verts' + ‘grands noirs' + ‘grands gris' = 6.
La structure et la composition des communautés
Il est ensuite possible de regarder quelles espèces se côtoient. L'assemblage des espèces présentes constitue une communauté. Cette communauté est définie, entre autres, par deux grandeurs : abondance et diversité. On considère, d'une manière générale, que plus une communauté est diversifiée, mieux elle se porte.
Enfin, la structuration des communautés permet aussi d'évaluer leur bon état. Une communauté équilibrée se voit considérée comme en meilleur état qu'une communauté dominée par une espèce majoritairement abondante.
Dans les trois communautés représentées ici, on estime que la population 3 sera celle étant en meilleure santé car elle possède de nombreuses espèces et des effectifs importants. La population 1 bien que possédant un grand nombre d'espèces, compte peu d'individus. La population 2 est plus nombreuse mais elle ne compte qu'une seule espèce.
Les traits écologiques des espèces présentes
Outre les variables décrites ci-dessus, on connaît aussi certaines des caractéristiques propres aux espèces qui permettent d'affiner les analyses. Par exemple, certains oiseaux vont migrer en hiver alors que d'autres sont sédentaires influençant ainsi mécaniquement les relevés.
Pour les autres groupes étudiés, d'autres facteurs peuvent varier entre espèces : par exemple, le régime alimentaire, le rôle dans la structuration des sols pour les vers de terre. On peut aussi déterminer le caractère plus ou moins spécialisé des espèces, certaines d'entre elles fréquentent un grand nombre de milieux : les généralistes, alors que d'autres ne sont présentes que dans quelques milieux particuliers : les spécialistes.
Ces caractéristiques, appelées traits, peuvent être utilisées pour évaluer le bon état de la biodiversité. Ainsi, le fait que divers régimes alimentaires soient représentés dans la communauté est plutôt signe d'un bon fonctionnement. On considère encore qu'une communauté plutôt composée d'espèces spécialistes a subi peu de perturbations car les ruptures d'équilibre ont tendance à favoriser les espèces généralistes, qui sont plus plastiques et s'adaptent mieux en cas de changement.
On parle ici d'indicateurs de traits moyens. Ceux-ci sont très complémentaires des abondances et diversités.