Les menaces qui pèsent sur la biodiversité
Le déclin de la biodiversité
Nous l'avons vu plus tôt, la nature est essentielle à l'existence humaine et à une bonne qualité de vie. Pourtant, nos activités nuisent fortement à la biodiversité : le rythme d'extinction d'espèces est de plusieurs dizaines à centaines de fois supérieur au taux moyen des 10 derniers millions d'années. 680 espèces de vertébrés ont déjà disparu du fait des activités humaines depuis 1500 et plus de 9 % de toutes les races domestiquées de mammifères utilisées pour l'alimentation et l'agriculture avaient disparu en 2016, et 1 000 races de plus sont menacées
D'après les chiffres de la Liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (2016), 42% des amphibiens, 13% des oiseaux et 26% des mammifères sont menacés d'extinction au niveau mondial. C'est également le cas pour 30% des requins et raies, 33% des coraux constructeurs de récifs et 34% des conifères.
Ces chiffrent laissent penser que, sur environ huit millions d'espèces animales et végétales (dont 75 % sont des insectes), environ un million sont menacées d'extinction. En outre, 9 % des 5,9 millions d'espèces terrestres dans le monde, soit plus de 500 000 espèces, ne disposent pas d'un habitat suffisant pour assurer leur survie à long terme et sont condamnées à s'éteindre, d'ici quelques décennies pour la plupart, si leurs habitats ne sont pas restaurés.
Les causes de ce déclin
Les scientifiques ayant rédigés le rapport de l'évaluation mondiale de la biodiversité des services écosystémiques en mai 2019 (voir rubrique Complément plus bas) indiquent que le rythme des changements globaux survenus au cours des 50 dernières années est inédit dans l'histoire de l'humanité. L'ensemble de ces impacts humains se retrouvent à l'échelle de la planète, on parle donc de changements globaux. Ils précisent que « les facteurs directs de changement de la nature ayant eu les incidences les plus lourdes à l'échelle mondiale sont, par ordre décroissant »
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La modification de l'utilisation des terres et des mers : Le développement des terres agricoles et des villes transforme des espaces naturels, on parle de changements d'occupation des sols. Les conséquences sur les habitats naturels sont une destruction directe mais aussi une fragmentation : ils sont de plus en plus petits et de plus en plus isolés les uns des autres. Ces changements sont considérables puisque un tiers de la superficie terrestre est utilisée pour les cultures et l'élevage et que la surface des zones urbanisées a doublé depuis 1992 (en France, l'équivalent de la surface d'un département est urbanisé tous les sept ans)... Ces changements ont principalement impacté les forêts (notamment les forêts primaires équatoriales), les zones humides et les prairies.
L'exploitation directe d'organismes : en particulier la surexploitation des animaux, des plantes et d'autres organismes (collecte, exploitation forestière, chasse et pêche). Dans les écosystèmes marins, l'exploitation directe des organismes (principalement la pêche) est le facteur qui a eu l'incidence relative la plus importante, suivi par le changement d'utilisation des terres et des mers.
Les changements climatiques : les activités humaines sont déjà responsable d'une augmentation globale des températures de l'ordre de 1°C en 2017 sans stabilisation de prévisible. Ces changements ont déjà de nombreuses conséquences sur la biodiversité comme des modifications de répartition des espèces, de la phénologie (la saisonnalité des espèces) ou du fonctionnement des écosystèmes. Ces modifications ont également des effets sur l'agriculture.
Les pollutions, de l'air, de l'eau ou du sol, continuent d'augmenter. A titre d'exemple, la pollution des océans par "
« les plastiques a été multipliée par dix depuis 1980, affectant au moins 267 espèces, dont 86 % des tortues marines, 44 % des oiseaux marins et 43 % des mammifères marins »
.« Les émissions de gaz à effet de serre, les déchets urbains et ruraux non traités, les polluants issus de l'activité industrielle, minière et agricole, les déversements d'hydrocarbures et les décharges sauvages de déchets toxiques ont des effets désastreux sur les sols, la qualité des eaux douces et marines, et l'atmosphère »
".Les espèces exotiques envahissantes : de part l'accroissement des échanges commerciaux la présence d'espèce exotiques envahissantes c'est fortement accrue (+ 40 % depuis 1980). "
« Près du cinquième de la surface terrestre est menacé par des invasions végétales et animales nuisibles aux espèces endémiques, aux fonctions écosystémiques et aux contributions de la nature aux populations, ainsi qu'à l'économie et à la santé humaine »
".
Ces cinq principales causes à l'origine de la baisse de la biodiversité ont plusieurs origines comme l’augmentation de la population humaine, qui a doublé au cours des 50 dernières années, la croissance économique mondiale, qui a presque quadruplé, et le volume du commerce mondial a décuplé, entraînant une hausse de la demande d'énergie et de matériaux. La gouvernance tant au niveau local qu'au niveau mondial est également pointée du doigt. En effet, les mesures politiques privilégient généralement l'expansion de l'activité économique au détriment de la conservation et de la restauration. La prise en considération des multiples valeurs des fonctions écosystémiques et des contributions de la nature aux populations dans les mesures d'incitation économique a pourtant montré de meilleurs résultats sur les plans écologique, économique et social.
Complément : Le rapport de l'IPBES sur la biodiversité
Un des objectifs centraux de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) est de fournir aux États, au secteur privé et à la société civile des évaluations scientifiquement crédibles, indépendantes et actualisées des connaissances disponibles afin de prendre des décisions mieux informées et des mesures aux niveaux local, national, régional et international.Cette Évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques a été réalisée par près de 150 experts sélectionnés issus de toutes les régions du monde, dont 16 chercheurs en début de carrière, assistés de 350 auteurs contributeurs. Plus de 15 000 publications scientifiques ont été analysées, ainsi qu'un ensemble considérable de savoirs autochtones et locaux. Ses chapitres ont été acceptés, et son résumé à l'intention des décideurs a été approuvé, par les plus de 130 gouvernements qui forment les membres de l'IPBES, à l'occasion de la septième session de la plénière de l'IPBES (du 29 avril au 4 mai 2019), accueillie par la France dans les locaux de l'UNESCO à Paris.
Consulter le résumé du "rapport de l'évaluation mondiale de la biodiversité des services écosystémiques [PDF]" (Mai 2019).