La biodiversité, source de biens et de services
La notion de services écosystémiques
Dans les années 2000, l'ONU a demandé à un groupe d'experts internationaux en écologie de proposer un moyen simple et pédagogique de montrer en quoi nous avons besoin de la biodiversité pour vivre. Le Millenium Ecosystem Assessment (MEA, ou Evaluation pour le Millénaire) a rendu son rapport en 2005, dans lequel il définit un grand nombre de « services écosystémiques » rendus par la biodiversité pour augmenter le bien-être humain. En voici quelques exemples :
La biodiversité nous fournit de la nourriture, du bois, des fibres textiles (coton, lin...), des substances pharmaceutiques (70% des principes actifs des médicaments viennent de plantes sauvages)... Ce sont les services d'approvisionnement.
La biodiversité permet ou facilite les activités humaines, notamment dans agriculture. Par exemple, la pollinisation, assurée par les pollinisateurs sauvages et les abeilles domestiques, permet la production de fruits et légumes. On parle de services de régulation environnementale.
Les milieux naturels sont favorables à de nombreuses activités de plein air et participent au bien-être humain, particulièrement en ville. Ce sont des services culturels qu'offre la biodiversité.
Tous ces services reposent sur les services de support. Il s'agit par exemple de la formation et du maintien de sols fertiles ou encore de l'action du vivant sur le recyclage de la matière organique.
Cette vision de la biodiversité perçue uniquement comme utile à l'Homme n'est pas complète. En effet, la biodiversité a une valeur en elle-même du fait de sa richesse et de sa complexité.
Les limites de la vision économique des services rendus par la biodiversité
A partir de cette notion de services écosystémiques, certains écologues et économistes ont tenté de quantifier la valeur économique de la biodiversité. Cette approche controversée présente l'avantage de quantifier les pertes de biodiversité avec une unité compréhensible par le plus grand nombre : la monnaie. Elle présente néanmoins un certains nombre de limites et doit donc être utilisée avec précaution. D'une part elle réduit la valeur des services écosystémiques : les valeurs non marchandes (esthétiques, bien-être...) ne sont pas bien prises en compte ; d'autre part elle pourrait conduire à des choix éloignés de critères de conservation de la biodiversité : que se passera-t-il si la construction d'un parking a une valeur monétaire plus élevée que l'ensemble des services écosystémiques rendus par le milieu naturel sur lequel il doit être construit ? La notion de service écosystémique pourrait donc avoir un effet pervers par rapport aux objectifs premiers de leur mise en place mais cette notion reste néanmoins très importante pour la compréhension des conséquences de la perte de biodiversité pour les sociétés humaines. Ceci nous ramène à la définition de la biodiversité, qui n'est plus une notion uniquement biologique ou écologique, mais devient une notion de sociologie et d'économie tant l'Homme est lié à celle-ci.